Restauration d’une ferme villageoise du XIX s. à Brenles

Lors de notre intervention, la ferme villageoise n’avait plus été habitée ni entretenue depuis une cinquantaine d’années. Seule la couverture avait été remplacée par des tuiles mécaniques laissant d’importantes entrées d’eau aux demi-croupes du toit.

La ferme ayant été exposée aux intempéries et n’ayant plus été chauffée pendant des décennies, de grandes quantités d’eau s’y étaient accumulées. Cependant, aux vu des conditions, la ferme était dans un état de conservation remarquable ce qui explique notamment sa note 2 au recensement historique du canton de Vaud et aurait justifié son classement comme Monument Historique.

Le défi auxquel nous nous sommes confrontés était de concilier la conservation patrimoniale et l’intégration des objectifs suivants: stabilisation des structures, amélioration de l’isolation thermique et du chauffage, intégration d’équipement sanitaire et distribution d’eau chaude, protection incendie.

Le parti architectural a été de conserver autant que possible la substance historique et d’intervenir dans la continuité plutôt que par contraste. Pour cette raison, les matériaux mis en oeuvre sont principalement des matériaux ayant subi peu ou pas de transformation industrielle. Bois massif, pierre, fer forgé, chaux aérienne, chaux hydraulique, terre cuite, fibres naturelles. Les interventions ont été réalisées par des artisans soucieux de pérenniser des savoir-faires ancestraux.

ISOLATION : l’isolation a été faite par opportunité. Une partie de planchers sur terre-plein étant endommagés nous avons procédé à un démontage soigneux. Avant repose, nous avons excavé quelques dizaines de centimètre et procédé à un remplissage en granulat de verre expansé (voir détails). Cette solution a permis d’améliorer l’isolation des sol contre terre sans les imperméabiliser.

Les enduits intérieurs des murs de l’étage étant désolidarisés de leur support, nous les avons refait à neuf en les complétant par un corps d’enduit thermo-isolant à la chaux-perlite. La finition est faite avec un lissage au chaux-plâtre lissé au platoir (non-peint).

La structure des plafonds séparant l’habitation de la grange étant fortement sous-dimensionnée et cintrée, nous avons mis en oeuvre une dalle en bois massif (madriers assemblés) reposant sur les murs des façades. Cette intervention a permis de renforcer les plafonds existants en les solidarisant à cette dalle. D’autre part, 20 cm d’isolation en fibre de bois ont été disposés entre les plafonds existant et la nouvelle dalle (voir détail). Cela a permis d’isoler l’intégralité du plafond du volume habitable. Enfin, cette dalle nous a permis de répondre aux exigence de protection incendie en compartimentant efficacement l’habitation et le volume de la grange.

L’isolation du mur séparant l’habitation de la grange à été réalisée par l’application de 20cm chaux-chanvre projeté.

CHAUFFAGE : au moment de notre intervention la ferme était équipée d’un poêle de masse en grès molassique, d’un potager à bois et d’un poêle en faïence fortement détérioré. Nous avons pris de parti de conserver le principe de production de chaleur par feu de bois. Le potager à bois à été remplacé par un modèle hydraulique offrant la possibilité de stocker la chaleur du feu dans un accumulateur combiné (eau chaude et chauffage). La distribution de chauffage est constituée de deux circuits: un haute et un basse température. Ces circuits alimentent respectivement le réseau de radiateurs et de chauffage mural. Le poêle de masse en molasse à été restauré. Il complète efficacement le chauffage durant les périodes les plus froides.

SALLE DE BAIN : un des défit a été d’intégrer des sanitaires et les salles de bain dans un bâtiment qui n’en possédait pas tout en respectant la typologie d’origine. La salle de douche du rez-de-chaussée a été réalisée dans une petite chambre. Un mur en terre cuite enduit au chaux-plâtre à été construit au centre de la pièce, il accueil les éléments techniques: robinetterie, écoulement, etc. Concentrer la technique et l’eau vers le centre de la pièce a permis de conserver les boiseries existantes et de les protéger de l’eau.

La salle de bain de l’étage a également été réalisée dans une chambre. Les éléments sanitaires ont été disposés comme des meubles. La douche se lit comme un grand volume blanc faisant référence aux poêles de masse chaulés typiques des maisons rurales.